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25 Décembre 1947

Je n'ai pas écrit dans mon journal depuis l’été. Je ne peux même plus l'appeler “journal”, parce que je n'y ai mis que les choses les plus “importantes”. J’écris “ai mis” au passé parce que je suis en train d'écrire sur ses dernières pages. J'ai commencé avec Noël et finirai avec Noël. La première date était le 25 décembre 1944. J'ai décrit quatre Noëls: 1944, 1945, 1946, et 1947, ce dernier, je le décrirai bientôt.

En relisant ce “livre” j’observe un certain développement. Je le constate aussi sur moi-même : je me sens maintenant grande, je ne suis plus une enfant. Il y a quelques minutes, je me suis regardée dans le miroir et je n’arrivais pas à me reconnaître, je suis devenue tellement grande, sérieuse et (d'après moi) jolie fille

Aujourd’hui j'ai eu une grippe, j'ai dû rester au lit. Véra et Édith sont venues me voir. On a coupé les tresses d’Édith, moi aussi je vais les faire couper bientôt.

Je vais donc décrire dans ce livre le dernier Noël. Nous avons attendu papa, il aurait dû revenir de Bucarest[1]. J'étais fort chagrinée comme il n’arrivait et n’arrivait pas. Ma tante et mon oncle étaient ici avec ma petite cousine et finalement nous avons allumé l'arbre vers 9 h. J'ai reçu cinq livres, des cartes de visite, trois petits vases, un pull, un pantalon de ski, un crayon et un magnifique, énorme arbre de Noël. Donc on pourrait dire que c’était un noël bon et généreux. Pour l'instant, je me suis réjouie le plus de cartes de visites à mon nom et d’une chaînette bleue.

Il est le soir du 25 décembre 1947 à 10 h et 17 minutes.

Mon cher journal

je te dis adieu,

bonne nuit !



[1] Il travaillait de plus en plus souvent dans la capitale.

11 commentaires:

Francois et fier de l'Être a dit…

Serait-ce indiscret de te demander ce qu'il y faisait ?

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

Theoretiquement, pour le travail, mais peut-être, pas seulement, comme maman le supposait au moins...

Anonyme a dit…

Ce blog est toujours à régal à lire...

Anonyme a dit…

je viens de terminer ton premier journal, c'est passionnant et trés trés émouvant.....

Anonyme a dit…

Oui c'est formidable d'arriver ici par hasard et d'y découvrir la vie de cette petite Julie pendant ces sombres années.
Ce témoignage est très émouvant
Merci Julie!
Je vous mets de suite dans mes liens.
Nathalie

Anonyme a dit…

je termine le premier journal....
j'arrete là, sinon, je vais tout lire, et ne rien faire d'autres ;-)

tu avais déjà un certain talent pour écrire ;-)

A très bientot !!
Sophos

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

Je suis émue de vos commentaires et que je découvre d'un coup ces notes, ce blog, lu aussi, commencé vraiment être lu. J'espérais, puis je n'espérais plus.

J'avais un peu de talent d'écrire, en hongrois surtout alors, avec richesse de vocabulaire et expressions mais aussi, déjà, pleines des fautes de grammaire!

Merci, mes bon copains et copines, de me donner courage à continuer. J'espère, que lentement vous ferez une chemin avec moi jeune, j'espère que vous continuer à noter vos impressions aussi, et n'hésitez pas aussi dire ce qui ne vous en plait pas!

Anonyme a dit…

bonjour , je viens de découvrir votre blog et suis très émue et interessée par la vie de la petite Julie , sa manière de passer les années de guerre et d'horreur protégée par des parents aimant qui ont su l'élever et en faire une grande dame !
merci d'avoir partager votre histoire
mum

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

Merci, tous vos commentaires me montre que je n'ai pas travaillé pour rien traduire, corriger, ajouter, faire de la table de matière, etc.

Je vais cette hiver alonger ce blog avec d'autres notes allant jusqu'à 27 ans et mon départ du Roumanie.

Anonyme a dit…

bonjour julie...

cette mise en forme de votre journal de jeunesse permet de rendre accesible l'histoire individuelle prise dans l'histoire collective...

ces années marquées par l'expérience des camps de concentration qui ont inscrit en beaucoup de ceux qui y ont échappé une certaine culpabilité des survivants ne manquent pas de nous bouleverser encore...

la scène de tri dans le camp...l'oreille tendue pour tenter de recueillir les propos qui permettraient de comprendre ce qui est difficilement explicable quand on est enfant...les images comme dans un film qui reviennent sans cesse...
le poids peut en être partagé avec d'autres par votre écriture...
et rencontrer d'autres expériences qui ne se sont pas jusqu'à présent exprimées...

votre énergie vous a portée jusqu'ici et c'est réconfortant de la voir se déployer au travers de toutes vos activités..



je ne manquerai pas de lire la suite...

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

Merci, Andrée. Alors je n'ai pas travaillée pour rien.